La sieste, une pause qui nous veut du bien

Retour
Par Lolona Ramanantsoa, Médecin Généraliste
image

Une habitude à reprendre !

Alors que demander, voire obliger, les tout-petits à faire une sieste au quotidien nous paraît normal, plus on grandit, moins nous en faisons. Cela est perçu comme de la paresse, à plus forte raison si nous avons le malheur de nous assoupir un moment sur notre lieu de travail. Et pourtant, les études menées un peu partout dans le monde démontrent des bienfaits insoupçonnés de ce sommeil diurne. Alors, pourquoi ne pas faire comme les petits et réinstaurer ce rituel au quotidien sans culpabilité ?

Pourquoi faire la sieste ?  

S’il est conseillé d’avoir au moins 7 heures de sommeil par jour pour un adulte, des études ont mis en évidence qu’une grande proportion de Français dort moins de 6 heures. Selon un sondage réalisé avec IFOP en décembre 2021, 56% des Français jugent leur sommeil insuffisant. Cette population est en dette de sommeil ou en restriction chronique de sommeil durant la semaine. Ce qui n’est pas sans conséquence sur la santé puisqu’il a été prouvé que le manque de sommeil a des effets néfastes, et ce, à plusieurs niveaux : troubles de l’humeur, troubles de la concentration, fatigue, voire épuisement, troubles du métabolisme (diabète), surpoids, maladies cardiovasculaires, baisse de la vigilance à l’origine d’accidents, dépression…  

Comme une dette de sommeil ne peut être compensée que par le sommeil, voilà pourquoi s’accorder une pause dans la journée pour faire une sieste est important. C’est ce qu’on nomme une sieste de récupération ou une sieste d’anticipation pour retrouver un temps de sommeil sur 24 heures conforme à ses besoins.  

Des études menées un peu partout de par le monde ont démontré les vertus insoupçonnées de sommeil diurne. En effet, la sieste permet de restaurer, au moins améliorer la vigilance et réduire ainsi les risques d’accidents. Elle améliore également les performances cognitives et donc de la performance, et la mémoire. Une sieste renforcerait également le système immunitaire. Enfin, elle permettrait de diminuer le niveau de stress et la sensibilité à la douleur.  

Une sieste en cache une autre

Selon une étude menée par la Clinique du sommeil à Bordeaux, publiée en 2007 (Sagaspe et al.) l’effet d’une sieste de 30 minutes est supérieur à celui de la ­caféine contenue dans une tasse de café, notamment chez les jeunes. La durée idéale d’une sieste varie selon les besoins de chacun : de la sieste flash de moins de 5 minutes à la sieste royale d’une heure et demie, en passant par la sieste standard de 20 à 30 minutes. Bien entendu, les effets sur l’organisme ne sont pas le même.  

La micro-sieste ne comporte pas de phase de sommeil. Il s’agit plus d’une relaxation profonde qui permet de changer de rythme en faisant une coupure dans la journée grâce à une respiration calme et profonde. Une sieste de plus de 1 heure permet d’obtenir les mêmes effets réparateurs qu’une nuit de sommeil, et la sieste standard pour améliorer la vigilance, la fatigue, la vigueur, l’humeur, et les fonctions cognitives et la mémoire. Les spécialistes du sommeil recommandent de privilégier la sieste standard, car elle est récupératrice. En effet, elle ne comporte pas de sommeil lent et profond et permet d’en sortir plus reposé. Mais le plus important encore est d’écouter les besoins de son corps et les possibilités sur son lieu de travail notamment.   

Une petite astuce que l’on peut mettre en place pour ne pas dépasser les 20-30 minutes : tenir entre vos mains un trousseau de clés, ou tout objet qui fera un bruit lorsque, relaxé.e, vous le laisserez involontairement tomber. C’est le signal que vous pouvez sortir de votre sieste, votre assoupissement. Si vous avez du mal à en sortir, c’est que votre corps à besoin d’une pause plus longue. Pensez donc à effectuer une sieste plus longue, ou au moins à avancer votre heure du coucher dans la soirée.   

Si s’accorder un temps pour faire la sieste est bénéfique pour la majorité, il faut toutefois noter de ne pas dépasser les 30 minutes, sans quoi vous risquez de mal dormir dans la nuit. Et ce n’est évidemment pas le but. En revanche, la sieste est fortement déconseillée pour les personnes qui souffrent des troubles du sommeil chronique, car cela aggraverait les troubles. D’ailleurs, la suppression de la sieste fait partie intégrante du traitement de l’insomnie chronique. Alors, si le besoin s’en ressent, ne vous privez surtout pas d’une sieste !   

Références

https://www.lemonde.fr/sciences/article/2015/10/19/la-sieste-ce-petit-somme-au-mille-vertus_4792578_1650684.html

https://www.hopitalduvalais.ch/fileadmin/files/disciplines/pneumologie/laboratoire_valaisan_sommeil/MAS_01_2021_12-14_sieste_-_copie.pdf

https://www.santepubliquefrance.fr/docs/le-temps-de-sommeil-la-dette-de-sommeil-la-restriction-de-sommeil-et-l-insomnie-chronique-des-18-75-ans-resultats-du-barometre-de-sante-publiqu

https://www.doctissimo.fr/psychologie/sommeil-et-troubles-du-sommeil/sieste/bien-faire-la-sieste

https://www.formations-mysommeil.com/la-dette-de-sommeil/#:~:text=La%20premi%C3%A8re%20cons%C3%A9quence%20de%20la,l'origine%20d'accidents.