Alerte sur le plastique aux micro-ondes : ce que vous devez savoir.

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Par Diane Gozlan
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“Pas aux micro-ondes !”
N’avez-vous pas entendu la rumeur ? Il ne faudrait plus mettre aux micro-ondes les récipients en plastique. Mais comment différencier les ouï-dires infondés des données scientifiquement prouvées ? Faut-il changer son mode de vie pour autant ?

Fenêtre sur l’état réel des affirmations scientifiques.

Plastique : répétition de molécules accrochées les unes aux autres (“à la queue leu leu”), conférant flexibilité et légèreté.

L’industrie des plastiques utilise des molécules dont la toxicité à long terme est parfois peu connue. Lorsqu’il est chauffé ou bien lavé au liquide vaisselle, le plastique libère des molécules qui migrent dans les aliments. Dommage d’investir temps et argent pour concocter vos petits plats s’ils sont in fine contaminés par des toxiques imperceptibles.

À l’ordre du jour : le bisphénol A. L’accusé présumé et ses dérivés font depuis peu l’objet d’enquêtes rigoureuses menées par nos scientifiques les plus qualifiés.

Que sait-on du suspect ?

Le bisphénol A est un composé chimique classé parmi les perturbateurs endocriniens. Sosie moléculaire des hormones sexuelles, il en mime l’effet dans le corps. Nous sommes tous exposés au bisphénol A au quotidien. Pas de panique ! À faible dose, un toxique occasionne rarement des effets néfastes. Cette dose dépend néanmoins de l’individu exposé : vous l’avez deviné, bébés et femmes enceintes sont plus sensibles aux toxiques.

La nature du contact avec le bisphénol A -et dérivés- est multiple :

  • Inhalation : dans l’air
  • Ingestion : dans l’eau et la nourriture
  • Toucher : sur les papiers thermiques (tickets de caisse)

Où se cache-t-il ?

Utilisé depuis les années 60 sous différentes formes, le bisphénol A est partout. Boîtes de conserve, bouteilles d’eau, tickets de caisse, biberons et récipients plastique en tout genre constituent les sources de menaces les plus préoccupantes. Face aux premières suspicions de toxicité, nos autorités de santé ont interdit le 1er janvier 2011 l’utilisation de bisphénol A dans la fabrication des biberons. Il est recommandé d’investir dans de nouveaux biberons sans bisphénol A si les vôtres ont été achetés avant cette date. Les produits sans bisphénol A sont reconnus par apposition de ce sigle, avec parfois une lettre en dessous.

Verdict sur l’incrimination du bisphénol A : en attente de preuves avant condamnation. 

Est-il cancérigène ?

Chez les animaux étudiés, les répercussions du bisphénol A sur la santé sont alarmantes. Parmi les effets rapportés: un risque accru de cancer du sein, de la prostate et des testicules. Compte-tenu des différences entre espèces, les résultats chez l’animal ne peuvent être extrapolés à l’homme. Pour cause, ces effets sont suspectés mais non avérés chez l’homme. À ce jour, aucun effet cancérigène du bisphénol A n’a été démontré chez l’homme.

Réduit-il la fertilité ?

Le bisphénol A est suspecté de perturber nos fonctions de reproduction. À ce titre, il fait l'objet de minutieuses enquêtes toxicologiques.  

Peut-il nuire au bébé chez la femme enceinte ? 

Si les femmes enceintes sont au coeur des recherches, c'est que notre suspect est capable de traverser le placenta. Il pourrait alors affecter le développement prénatal du bébé. 

Depuis 40 ans, la fréquence des défauts de masculinisation type hypospadias (urine à double jet) et cryptorchidisme (absence d’au moins un testicule dans les bourses) a doublée. Le bisphénol A est aujourd’hui incriminé : l’exposition des mères durant la grossesse serait à l’origine de ces troubles exclusivement masculins. De surcroît, de faibles concentrations de bisphénol A sont suffisantes pour agir négativement sur le testicule chez l’homme.

Mais encore ?

Un lien s'établit peu à peu entre exposition au bisphénol A et apparition de diabète de type 2, obésité et asthme. Etant donné qu'une légère exposition au bisphénol A est inévitable (via les eaux, la nourriture...), les scientifiques cherchent un moyen de protection contre ses effets néfastes. Sur cette piste, le curcuma, alias "safran des Indes" incarne un réel espoir : il pourrait notamment être un antidote aux effets diabétogènes du bisphénol A !

En définitive, comme d'autres perturbateurs endocriniens, le bisphénol A est dûment suspecté d'avoir une part de responsabilité dans nombre de maladies et malformations. Patience, les réponses demandent du temps, et nos meilleurs scientifiques sont sur le coup. Affaire à suivre...

Les bisphénols S et F sont d’ores et déjà utilisés en substitution au bisphénol A, bien que assurément toxiques.  

Le sigle “sans bisphénol A” apparaît sur les récipients qui en sont privés mais qui contiennent parfois ces autres composés.

En attendant, et si nous arrêtions définitivement de mettre n'importe quel plastique à chauffer ?

Ce qu’il faut retenir :

Faire particulièrement attention aux bébés et jeunes enfants, femmes enceintes et allaitantes.
Pour limiter l’exposition :
- Ne pas chauffer les récipients en plastique
- Ne pas laver les récipients en plastique avec du liquide vaisselle (ni au lave-vaisselle)
- Préférer les biberons en verre ou racheter les biberons en plastique s’ils ont été achetés avant  2011Eviter la consommation excessive de produits en conserve, privilégier les produits frais
- Eviter la consommation excessive de viandes et fruits de mer